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Bribes enfantines...

28 juillet 2010

Bribes enfantines...

J’ai longuement hésité avant de commencer cette écriture de soi…. (Je préfère cette appellation à autobiographie.) Recourir à la mémoire pour remonter le temps et sonder ses secrets est un exercice dur est contraignant. Qu’est –ce que j’apporterais de plus ou de moins ? Tout a été dit avant, et même raconté. Ma vie ressemble à celle de millions de petits garçons de mon pays : laissés dans la dépendance de leur age, avec les mêmes soucis, la même éducation, les mêmes craintes… Et pourtant, rien n’est vraiment ressemblant. Je souris pour ne pas en pleurer Rire et cacher la douleur qui m’habite Suffit… pleure plus …plus personne ne mérite Rire, sourire ne dissimule plus rien Le souvenir, ma douleur vive Sèches sont mes veines, Un voile de gaieté, de légèreté pour ne rien laisser voir de ma peine, ma vie, mes années de joies, assez des souvenirs, je ne puis les supporter Je préfère ne rien dévoiler de moi… Laisser planer cette atmosphère de tristesse, d amertume… Revenir dans le passé me chagrine… ce sont ces notes de musique qui me rendent mélancolique, nostalgique.. Je ne vois plus clairement mon clavier…mon étonnement est surtout pour cette vague de tristesse, cette brume tapageuse qui remonte a la surface. Et pourtant j’ai vécu des moments agréables. Je peux même dire une enfance quasi-heureuse, naïve…des excursions en pleine nature, des baignades dans la piscine sous le rocher d Azrou, quand ce n est pas dans le grand bassin d’une ferme (sur la route de Toumliline) _ malgré l’interdiction de mes parents _ ce qui m’a valu des punitions sévères, parfois des châtiments corporels, mais ce qui me répugnait le plus c’était les crapauds. Ceux-là je ne peux les souffrir même maintenant, alors qu’en ce temps-là, ma peur avait une autre raison : les contes que les femmes de la famille, ou autres voisines, nous racontaient le soir. Des histoires peuplées de ‘jnoun’, qui se métamorphosent à merveille de crapauds en chèvre et parfois même en êtres humains ; leur univers est toujours autour des bassins d’eau, au milieu de la nature, entre les arbres, dans les champs de mais et habitaient les collines ou les maisons en ruines. J’ai mis longtemps pour comprendre que tout cela n’était que des histoires de vieilles femmes. Mais au moins, l’objectif de ces premières leçons dans la vie, était atteint. Cela m’a peut-être, ou sûrement, évité d’être violé ou tué par des mâles frustrés. Encore une histoire de mon enfance, la dernière ! Pourquoi s’en priver ? Je commence à prendre goût à cet exercice d’écriture. Jouer à l’écrivain. Pour moi, le fait d’avoir été l unique garçon de la famille (pendant un certain temps) n’était aucunement un moins. C’était le plus qui me poussait à vivre normalement, la vie des petits enfants. Tous ce que les garçons étaient capables de faire, je devais les dépasser. Escalader les arbres, jouer au foot, mener des batailles, ne pas pleurer, souffrir en silence et supporter les coups, en donner , des compétitions bizarres : réussir à voler des melons des autres fermes ou des épis de mais qu’on grillait dans les champs. Une fois, j’ai failli mourir dans un canal d’irrigation à moitié plein d’eau. La performance était de glisser à travers ce tuyau, de 5m à peu près. Comme d’habitude, il fallait que je le fasse. J’ai glissé dans le tuyau, mais n’ayant pas pris tout l’élan qu’il fallait, je me suis bloqué au beau milieu. Je voyais l’eau me couvrir, je commençais à manquer d’air quand je sentis un coup dans mes épaules me propulsant hors du tunnel de la mort. C’était mon copain pikou, un solide petit gaillard, plus âgé que moi, qui me sauva la vie. Après cette expérience, je suis devenu claustrophobe : plus question de m’enfermer dans les petits espaces, les ascenseurs… Un autre exploit stupide me revient en mémoire. Je souris. Cette foi-ci, il n’y a rien qui m’emplit de fierté ni d’orgueil ! Je savais d’avance que c’était stupide, mais je voulais savoir à quel point je pouvais aller de l’avant dans la réalisation de mes caprices de petit garçon _ou plutôt, fille manquée, comme plaisait à quelques gamins jaloux, de me taxer _. Donc, je jetais comme tous les garçons, mon cartable dans une large flaque de boue. Aie ! Exploit lourd de conséquences pour un élève studieux, excellent, discipliné, que j’étais. Ce jour-là, j’ai vu tant de peine dans le regard de mon professeur de français, M.Castel. Il ne savait plus comment gérer le problème, car c’en était un. Mon père fut convoqué et il n’y va pas de main molle quand il s’agit de l’education. Mais à ma grande surprise, je ne fus pas corrigé. Nous rentrions à la maison la main dans la main. Le lendemain, mon père m’offrit toute une collection de bande dessinée : zambla, bleck le rok, kiwi,walt disney… A la fin de l’année, mon cher instituteur, m’offrit à son tour une collection de romans,dont les auteurs sont : Jules verne,Marcel Pagnol….La lecture avec un grand « l » est entrée dans mon univers et ne le quitta plus. Parfois il m’arrive de chercher le petit garçon que j’étais. Il me manque terriblement ce petit sauvageon qui avait le cœur sur la main, un petit révolté qui voulait faire sa justice, son monde, dans un monde d adultes, perverti par une tradition qui s’essouffle, une modernité galopante et des valeurs qui cèdent la place aux intérêts, à l’individualisme, et à l enrichissement frénétique… MIDOU

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28 juillet 2010

Une enfance amére...

Quand je pense à ma mére,des souvenirs douleureux remontent...Notre relation mére-fils a eté durant de longues années jonchée de hauts et de bas, de joies et de tristesse,d'affection et d'animosité réciproques...Je hais mon passé d'enfant,car durant cette période,je manquais de repéres,de signes ...J'avais l'impression de flotter au dessus des choses de la vie que j'aurais du vivre et assimiler comme tout enfant normal.Les querrelles quasi quotidiennes au sein de ma famille de jadis me tétanisaient par leur ampleur,et je ne pouvais pas echapper à leur influence néfaste.Je me sentais laissé à moi méme,pour ne pas dire privé d'affection.Les années antérieures à notre vie à Azrou,etaient faites de joies,de compagnies et d'ambiance grace à ma grand-mére maternelle,une femme tres affectueuse et tres sensible.Ma mére sa maria à l'age de 13ans et manquait affreusement d'expérience dans la vie.J'eus mon premier accident grave à l'age d'un an,quand un jour,ma mére apprenait à frire du poisson.L'apprentissage se faisait sur les marches d'un escalier défectueux ou elle faisait frire son poisson dans un poéle plein d'huile brulante et de farine.J'etais à ses cotés,quand suite à un faux geste,ma téte bascula et tomba en plein dans le poéle à frire...J'imagine un peu l'intensité de la douleur qu'a du ressentir le bebé de l'epoque...cet accident précoce laissa une trace indélèbile dans le cuir chevelu de ma téte,et une certaine géne traumatisante durant ma vie...
J'evoluais dans la vie par la force des choses...Mes seules distractions etaient les copains dans la rue,et parfois la piscine sous le rocher d'Akechmir,durant l'eté tres chaud.Mes randonnées avec les copains dans la montagne,ou chez les bénedictins de Toumliline etaient bénefiques à l'adolescent sevré et timide que j'etais.Ce fut un vrai echappatoire,un derivatif salutaire à ma solitude amére...

Je suis venu au monde un 16 février, dans l'année1949, et toute réflexion faite, si le choix m'avait été donné, j’aurais préféré que quelqu'un d'autre vienne à ma place.Mais puisque le Mektoub qui prescrit toutes les choses, m’avait choisi, moi, pour ętre le premier rejeton d'une union matrimoniale, scellée dans la joie et l'allégresse, alors vivons et portons ce titre sensé et symbolique, avec résignation et un tant soit peu de fierté….
Ma vie d'enfant ne fut ni plus gaie, ni plus triste que celle de la plupart des enfants de mon pays.j'evoluais dans un climat mi-tendre, mi-dur, fait de joies enfantines, de candeur et de frustrations, laissé aux dépendances de mon age et de mon environnement.Je me souviens que notre vie était plutôt austére, mais suffisante pour subvenir aux besoins élémentaires de la famille.
Je me souviens encore des "raclées royales" que je recevais,et qui n'étaient pas toujours meriteés.N'empeche qu'elles avaient leur effet« éducateur»,quand elles étaient données à bon escient.Comme celui d’ętre vite remis sur le chemin du code familial et du savoir ętre.Mais quand la sanction était injustement administrée,l'effet traumatisant se faisait drôlement ressentir.Comme quoi,les enfants n'oublient jamais l'injustice dont ils étaient victimes,et peuvent conserver au profond de leur âme,une marque indélébile....
A l'age de quatre ans,je fus "confié" aux petits soins de ma défunte grand-mére(que dieu l'ait en sa sainte miséricorde)pendant une durée indéterminée, durant laquelle,je fus choyé et trés aimé.Mes souvenirs remontent jusqu'a ma prime enfance,et m'évoquent une grand-mére sensible,afféctueuse et prévenante.Elle ne se lassait pas de répéter que j'étais un enfant turbulent,aimant jouer comme tous les enfants de cet age,mais sociable et ayant l'esprit vif.Je me rappelle encore l'unique pičce sur la terrasse ou nous vivions,et le corridor ou je jouais le plus souvent à la petite balle ou aux billes.Mes seuls camarades de jeu étaient les enfants des voisins ou ceux de quelques parents éloignés que je côtoyais lors des visites familiales.Aprés un séjour de quelques années,mes parents décidčrent de reprendre leur unique rejeton et quitter la ville de casablanca.Mon défunt pčre(que Dieu l'ait en sa sainte miséricorde) avait fait faillite dans la gestion de sa part d'héritage(importante en ce temps-lŕ-) léguée par son défunt pčre (que Dieu l'ait en sa sainte miséricorde) et avait pris la sage décision de partir vivre ailleurs avec sa petite famille de jadis.Je dus traîner ŕ la suite de mes parents ŕ travers une contrée de petites villes et de villages.Ce circuit familial relevait plutôt de l'immigration que du tourisme............Nos séjours étaient plutôt brefs et nombreux.Mon pére cherchait toujours un travail facile mais honnete.Il faisait du commerce ambulant,et vendait surtout des photos de Sa majesté Mohammed V,ainsi que d'autres petits bibelots plus ou moins utiles.Nous avions ainsi traîné nos valises et bagages à travers les villes d'el-jadida,salé,Kenitra,s

idi slimane,pour finalement nous installer à Azrou,petite ville du moyen atlas qui avait ses particularités et ses charmes.Notre séjour à Kenitra avait duré deux années,pendant lesquelles mon pére exerça le métier d'écrivain public bilingue,métier apprécié,vu que les gens alphabets étaient peu nombreux à cette epoque.La maison que nous occupions était propre et confortable,et nous vivions relativement à l'aise.Je fus inscrit au cours de l’école primaire«takkadoum»qui existe toujours de nos jours.Mon pére gagnait bien sa vie,mais avait la fâcheuse manie de s'enivrer de temps en temps,et cela causait du chagrin à ma mére,malgré l'air de fęte qui régnait à la maison...Mon demi-frčre driss s'en donnait à coeur joie et profitait de la circonstance des gentillesses paternelles du moment.Driss,était issu d'un premier mariage de mon pčre,et comme sa mčre s’était remarié,il nous fut confié .Ma mčre avait sympathisé avec quelques voisines du quartier,et avait eu l'idée géniale de leur apprendre des cours primaires d'arabe et de quelques versets coraniques, qu'elle connaissait par coeur depuis son passage à la medersa de sa ville natale, Fes.Son auditoire était assez important,et cela lui procurait de l'argent.C'etait durant les derniers jours de la colonisation française au Maroc.Mon pčre avait męme fait l'objet de recherches policičres pour avoir vendu(clandestinement) des photos de la famille royale en exil.Je me souviens du couvre-feu imposé dés le retentissement de la sirčne,des rondes nocturnes des flics français et autochtones,des attroupements et manifestations dans la rue des masses populaires,que j’épiais ŕ travers les volets de ma fenętre....Et puis du jour du départ massif des colons français et de la premičre fęte de l'indépendance de mon pays.Ce fut un jour grandiose pour moi aussi!A l'occasion de ce jour mémorable,ma mčre s'est efforcé de me faire apprendre par coeur,un discours sur les bienfaits heureux de l'indépendance et l'avčnement du retour de Mohamed V.
Ainsi, tout petit, vętu d'une tenue frappée de l'emblčme national, je récitai ŕ pleins poumons mon discours devant un public radieux et enthousiaste!Le micro installé pour l'occasion,décuplait ma petite voix, et eut l'effet explosif de ranimer.la fibre patriotique de la nombreuse assistance présente,qui m’écoutait solennellement,et qui ne manquait pas de m’applaudir avec énergie,ŕ chaque fin de phrase!La fin de mon discours fut couronnée par ma présentation au Pacha et aux notables de la ville,qui m’avaient couvert d’embrassades,de bonbons,et de billets de banque....Ma mčre fut aux anges,et moi,tout simplement,un petit garçon formidablement heureux et patriotique!Quelques mois plu tard,pour une raison obscure,nous quittions Kenitra,pour toujours. . ,
AZROU.:.le début de mon adolescence.Azrou était un fort joli patelin, entouré de montagnes si hautes, qu’on a toujours l'impression de le découvrir ŕ chaque fois qu’on s’y rend!.Nous nous sommes installés dans ce coin isolé,perdu au fin fond du moyen atlas,en 1959.Des souvenirs d'école ou je fus mis,me reviennent inlassablement,frappants et précis;période éprouvante pour l'enfant que j'étais.les chutes de neige recouvraient tout le paysage,et nous devions y frayer un passage vers l'unique école primaire de l'epoque.les diverses leçons enseignées devaient ętre apprises,par cśur,et les rčgles de discipline bien appliquées...Et si on s’abstenait de le faire,il existait des moyens de redressement,qui n'avaient rien de chaleureux,ni de confortable,entre autres:la fameuse falaka..
Nombreux,marrants,inoubliables....Tels étaient nos souvenirs d’adolescents.Des enseignants français nous apprenaient les maths,les sciences,et la langue de Moličre .le directeur,M.jouve,était assez compatissant,mais intraitable sur la ponctualité et l'assiduité des éleves.le surveillant général,M.bougrine,était strict et quelque peu violent envers les élčves;ma période primaire se passa tant bien que mal,et je réussissais ŕ accéder au cycle secondaire.Mes études au collčge furent assez bonnes,en particulier dans les matičres que j'aimais,comme le français,l'histoire,la géographie,les sciences naturelles,et l'arabe.Les mathématiques nous étaient expliquées hâtivement,et on n'avait rien contre la chimie ni la physique,mais on trouvait la syntaxe et la poésie stupides et sans utilité! Je fréquentais invariablement une bande de jeunes de mon age,dont la plupart avait disparu dans l’impitoyable tourbillon de la vie;nous nous retrouvions chaque soir pour échanger nos impressions et idées d’adolescents mal grandis et avides d’une vie d’adultes.On se réunissait aux alentours de l’unique kiosque d’azrou, pour nous raconter des histoires drôles,pour narguer gentiment les passants,ou pour prendre un verre de thé au café du coin.Nos escapades vers la montagne étaient nombreuses et mémorables,en particulier à Tioumliline,monastčre ou vivaient et enseignaient des jésuites français,installés depuis l'occupation du Maroc.Ces chrétiens nous avaient appris l'amour de la lecture profonde,de la discussion instructive,et du basket.Ainsi,je passais de l'enfance ŕ l'adolescence,comme la plupart des gamins de mon pays,avec des hauts et des bas,tantôt avec des moments de joie et d'allégresse,tantôt avec des périodes de tristesse,et de lassitude,tantôt choyé,tantôt ignoré,tantôt apprécié,tantôt sanctionné,suivant les humeurs et le bon vouloir familiaux,les circonstances et la conjoncture du moment!.J'avais connu des choses de la vie avant l'age voulu, et cela marque le tempérament d'un homme.Azrou fut pour moi, l’univers clos et lointain, ou j'avais ouvert mes yeux, ou se sont épanouis mes sens, ou j'avais commencé ŕ vivre. ...J'ai gardé d'azrou,mon amour pour la terre,la foret,les eaux,les grands espaces,le gazouillement des oiseaux,d'ou ma nature un peu sentimentale et romantique....Je quittai Azrou définitivement au mois de septembre 1967,pour m'engager ,sans trop réfléchir dans l'armée de l'air de mon pays,ŕ la base aérienne de Meknes.Mes études m'avaient porté jusqu'en 4°,ou ayant décroché mon CESM,je perdis tout intéręt pour l école,car l’environnement familial et social dans lequel j'évoluais était banal,sans attraits ,et me complexait l’âme et l’esprit.J'etais arrivé à l'age qu'on dit ingrat,et j'avais des besoins humains.J'explosais littéralement,ŕ la maison,au lycée et dans la rue...Il me fallait un dérivatif,ce fut l armée.Nous étions une bande de jeunes,à moitié instruits,avec de faibles perspectives d’emploi,et sans aucun encadrement administratif ou social.D’ailleurs,aucune autorité,civile ou politique,n’avait de critčres sérieux à offrir,à part des discours flatulents et soporifiques.Notre jeune génération tournait en rond dans tout le pays,sans aucun sens réel de l’orientation,vivant au jour le jour,avec des horizons assombris par des incertitudes desésperantes.On cherchait tous,soulagement et réconfort… Je fus un petit meneur à ma façon,la casse et les coups de gueule(et de poing) m étaient familiers,et assez fréquents...Je fus aussi un incompris dans mon entourage.C'etait l'age,ou l'on avait besoin de quelqu'un pour voir clair dans ce qui va se passer dans sa vie.Je n'avais trouvé que l’armée pour m'accueillir à bras ouverts!(ne dit-on pas que l’armée est le gîte des pauvres?)Le concours d'admission sélectionna 17 candidats sur les 68 volontaires présents,et nous fumes conduits par avion militaire C.47sur la base aérienne de salé pour visite et contre-visite médicales.Quelques jours durant,nous faisions connaissance avec la vie militaire,ses aléas,ses us et coutumes.Ensuite,nous fumes dirigés sur la base école de Marrakech pour instruction et formation militaires...
Cinq années plutard,je me trouvais “Sergent” dans une unité aérienne de l'armée royale basée à casablanca.J'etais fiér de mon grade de sous-officier,et imbu d'un certain orgeuil imbécile.
Las de mes aventures sentimentales sans lendemain,j'acceptai de convoler en justes noces avec une cousine eloignée dont j'ignorai l'existence et qui me fut présentée par ma mére,soucieuse de me voir rangé en pére de famille...Quelques mois plutard,ce fut le début d'un long et douleureux conflit émotionnel avec ma mére.

4 juillet 2010

Feu Mon pére.....

MON PERE, LHAJ AHMED BEN MOHAMMED (RAHIMAHOU ALLAH: (15.3.1921/22.4.1995)

 

 

Mon père était assez grand de taille et de corpulence.Blanc de peau, il avait les traits fins et le teint assez clair.Bref, il était beau dans sa jeunesse, et avait gardé sa physionomie régulière, jusqu’à un age avancé.Depuis sa prime jeunesse, Il portait des lunettes de correction avec une monture noire, et cela lui donnait l’air d’un jeune intellectuel européen, vu qu’il portait souvent des vêtements de type occidental. Il avait aussi des relations amicales parmi la population française de l’époque.Son père,lhaj Mohammed,(Rahmatou allahi alayh) un riche commerçant de la place,l’avait inscrit,après le passage obligé de l’école  coranique, et dés la fin du cycle primaire, dans une école française d’enseignement technique (Ecole Camille Mathieu).Mais une fois son diplôme de plomberie en poche,il se désintéressa carrément de cette branche, et il faut dire qu’il n’aimait pas la plomberie puisqu’il ne l’avait jamais pratiquée !Mon grand père avait décidé de marier son unique fils,dés la vingtaine,avec une de ses cousines du bled,peut-être pour mettre un terme à certaines de ses « escapades »,et combler le tempérament chaud et viril que devait posséder tout jeune homme à cet âge….Les familles marocaines de l’époque étaient fort conservatrices et très pieuses.Les jeunes gens,selon les recommandations de notre prophète(sldsl),devaient être mariés,dés leur age adulte,pour éviter toute tentation satanique. C’était une initiative louable et raisonnable .Malheureusement, cette sage coutume a presque disparu de nos jours, car notre jeunesse aspire plutôt pour un mode de vie occidental, voire liberal…….

Mon père se maria donc dans sa jeunesse, par obligation familiale et religieuse, (pour ne pas dire contre son gré), mais vu son tempérament assez fougueux, ce mariage ne dura guerre.Le divorce fut prononcé, à la va-vite, comme fut consommé le mariage, mais avec un résultat concrétisé par la naissance d’un garçon, prénommé Driss….Mon père ne tarda pas à se remarier avec ma mère.En effet,de par ses fréquents déplacements,pour ses besoins de commerce en tissu ,il avait un fournisseur à Fès,(Benmoussa)avec qui il s’était lié,et qui avait une jeune cousine.Mon père avait remarqué cette très jeune fille,et l’avait demandé en mariage,à son tuteur,vu qu’elle était orpheline de père.Et c’était ainsi que mon père connut ma mère,et se maria avec elle ,dans les règles de la tradition musulmane.

 Mes parents s’installèrent à Casablanca,chez ma grand-mère paternelle,(Que Dieu l’ait en sa sainte miséricorde).Une femme coriace,bavarde,mais certainement bonne et sensible.Je naquis un seize février,dans cette vieille maison de la medina, ou je passais la première année de ma vie,et ou j’ai eu mon premier accident grave et stupide…Ma mère m’a raconté qu’elle était en train de préparer à manger,et qu’étant encore jeune et donc inexpérimentée,ne pouvait faire deux choses à la fois :garder le bébé turbulent et criard que j’étais,et faire frire le poisson dans le poéle.Et c’est ainsi qu’en voulant monter quelques marches de l’escalier, je perdis l’équilibre, et je basculai sur mon coté droit,la tête en plein  poele-à-frire !Je dus certainement avoir senti une souffrance atroce,à cause de la brûlure profonde….J’avais à peine un an,je n étais qu’une chose fragile et innocente.Une bonne partie du cuir chevelu avait disparu de mon crâne,et j’en porte encore aujourd’hui,les séquelles de cet accident inavouable et très prématuré ….

Mon père exerça divers petits métiers pour combler son inactivité, et subvenir aux besoins de la vie.Son père avait disparu, laissant une certaine fortune, en maisons et boutiques. Mon père se trouva responsable, et appelé à gérer ces biens légués. Malheureusement, étant fils unique et certainement gâté,il ne tarda pas à dilapider son lot d’héritage,et fut obligé de chercher des petits boulots pour survivre .Je fus, à l’âge de trois ans, « confié » aux bons soins de ma grand-mère maternelle,Zhor, une femme pauvre,mais qui tenait à gagner sa vie,honnêtement,à la sueur de son front.Elle avait une machine à coudre qu’elle mettait au service des braves gens,de passage à la kissaria de la médina,à derb soltane.Je me rappelle qu’elle me gardait toujours un sandwich dans ses juppons,et qu à la sortie de l’école,je me hâtai de la rejoindre,pour le déguster,et pour jouer au ballon en chiffons avec les gosses de la ruelle.Mon père emmena avec lui sa jeune femme,ma mère,pour une longue tournée dans d’autres endroits,en vue de faire du commerce et du tourisme !Je n’étais pour eux qu’un fardeau encombrant,et peut-être gênant,malgré la petitesse de mon corps,puisque je fus « laissé» à la bienveillance de ma grand-mère maternelle.Elle était une femme tendre et très affectueuse,et donc apte à élever des bambins et les protéger.Pour moi,elle fut une vraie mère,sur laquelle j’ouvris mes yeux d’enfant innocent et assoiffé d’amour et d’affection…..Mais cette « adoption »avait contribué à créer une certaine fissure, une séparation affective avec ma mère génetrice,et fut à l’origine d’un manque de communication et d’un défaut d’adaptation,ayant engendré par la suite une série de rapports tantôt conflictuels,tantôt pathétiques,mais toujours empreints d’un fort goût d’amertume et de regrets….

Ayant terminé leur circuit touristique et commercial, mes parents  reprirent leur unique rejeton, ayant certainement réalisé leur bavure ! Mon père s’installa comme écrivain public à Kenitra, (ex-port Lyautey) ville portuaire et encore sous occupation française et américaine.C’était en 1953.Nous habitions une assez jolie maison, à la Medina. Mon demi-frère, Driss, vivait avec nous. Ma mère, étant bonne oratrice en langue arabe, s’évertua à faire apprendre des leçons d’alphabet et quelques versets coraniques, aux bonnes femmes, voisines du quartier. Notre séjour fut agréable,et mon père gagnait assez largement sa vie et la notre.Il s’était fait des amis intimes,dont il avait gardé le contact durant de longues et nombreuses années, malgré la séparation...Des amis avec qui,il partageait ses loisirs,et quelques cuites carabinées .C’était le temps de la passion et de l’argent facile,mais c’était ce que la vie offrait pour les gens actifs de l’époque….

Nous vivions à l’aise.Je suivais des cours à la prestigieuse école de l’époque de Takadoum qui existe toujours .Je fus même,un jour,consacré « petite idole » par les autorités de la ville ,et très acclamé par une immense foule ,enchantée par mon discours,à l’occasion de l’indépendance du Maroc !Malheureusement,pour une sombre affaire dont j’ignorais les tenants et les aboutissants,nous dûmes quitter Kenitra,pour vivre quelques temps à Sidi slimane,ville agricole,située à 60km,avant de nous installer pour longtemps dans un joli patelin en plein Moyen-Atlas :Azrou.

Mon père ne pouvait qu’exercer l’unique métier ou il excellait :écrivain public.Il installa son bureau dans une boutique de l’unique grande place de la petite ville,qui servait aussi de souk hebdomadaire.Il rédigeait et supervisait toutes les transactions commerciales,et autres contrats de ventes,d’achats,d’hypothèques dans le domaine de l’immobilier,ou encore des conventions sur les exploitations forestières,ressources naturelles dont jouissait Azrou,autrefois.Il établissait aussi toutes les demandes d’autorisation pour l’ouverture d’un commerce,d’un permis de port d’armes(pour la chasse),ou d’une exploitation agricole.Il écrivait aussi les lettres à envoyer aux tiers,les plaintes à formuler au Caïd,ou remplissait les imprimés d’usage servant aux expéditions postales.Mon père était le premier vrai écrivain public d’Azrou,et cela le rendait fort utile et assez respectable dans l’entourage azrioui et parmi les notables de cette grande localité.

Il avait ses sautes d’humeur, méchantes mais brèves et passagères.Il était sensible, beau parleur, doublé d’un narrateur émérite….Il avait le sens de l’humour aigu, et il aimait la bonne cuisine. Il  s’évertuait souvent, à nous préparer quelques plats délicieux et forts prisés, comme la bissara ou un tajine de kriine ! Il était assez bon vivant, mais aussi un homme de foi, qui n’oubliait pas ses devoirs religieux de Musulman…

Il n’hésitait pas à m’infliger des corrections corporelles, quand je les méritais, et je dirai qu’elles étaient certainement à bon escient, et avaient un effet curatif ! Parfois, mon père se montrait carrément agressif envers les autres, mais jamais de façon gratuite.Il était franc dans son comportement, et manifestait clairement ce qu’il avait sur le cœur, sans hypocrisie ni détour, et alors, advienne que pourra !

Un jour, sa conduite spontanée et directe, face à un caïd despote, lui valut quelques jours à l’ombre.

L’injustice dont il était victime le marqua profondément,et me chagrina beaucoup.Depuis ce moment, j’approuve une répulsion instinctive envers ces agents d’autorité,souvent pervers et débauchés, et qui se font heureusement rares de nos jours, par la force des choses……En période de crise financiere,mon père souffrait en silence,et cette souffrance marquait ses traits fins,alourdis par la griffe inexorable du temps.Il ne manifestait jamais ses déboires ou ses faiblesses devant moi,mais donnait libre cours à ses pensées et à son imagination rendue fertile par la boisson de Bacchus !Au lendemain de ses soirées prolongées,il se trouvait pris de remords,et d’une mauvaise humeur incompréhensible.Il partait alors se « purifier » au bain maure,et terminait la journée à la maison,entre les séances de prière,la lecture des journaux de l’époque,et la dégustation de quelques mets savamment mijotés.Je me souviens que quand il sentait une douleur quelque part sur son corps,il me demandait de mettre ma main droite sur la partie endolorie,et de réciter un verset coranique,de préférence :sourate « Essamad » qu’il adorait particuliérement.La douleur disparaissait ,par miracle divin,instantanément…Ma mère s’accommodait tant bien que mal à ces retournements d’ambiance et d’attitude,……L’essentiel,était que mon père pourvoyait à nos besoins élémentaires et savait se montrer affable .Il était l’homme, le chef de famille,le responsable.Et donc,il avait le droit de se défouler et jouir des plaisirs qu’offrait la vie,comme et quand il le voulait…..Ma mère ne pouvait que prier le bon Dieu pour qu’il cesse, un jour, de se donner à la boisson interdite.Pour moi,il incarnait l’image du père craint et admiré à la fois…..

Des années passèrent, dans une monotonie ennuyeuse et tranquille.Le premier décès de la famille arriva, frappant notre unique petit ange de l’époque : Nadia.Elle était tellement adorable, que je supportais allégrement de la porter sur mon dos, en vue de la dorloter et la faire dormir ! C’était une idée de ma mère, et j’étais le seul enfant aîné, un peu le garçon-fille à tout faire, le souffre-douleur familial, en quelque sorte, mais tout de même aimé, malgré certains petits conflits pathétiques…..

Je me souviens avec fierté, que mon premier cachet de l’armée, tomba à point, et servit à l’achat du mouton de l’aïd el kebir de l’année 1967.Mon père traversait une crise notoire à cette époque, et ne pouvait supporter une telle dépense.Ce fut donc, avec joie et plaisir, que

Je participais, pour la première fois, à une aide consistante envers mes parents.Grace à Dieu, cette aide qu’ils méritaient, allait durer trente cinq ans, et se prolonger jusqu’aux décès de mon père en 1995, et de ma mère en 2005……

Malgré ses fréquentes sautes d’humeur,mon père m’aimait et m’estimait.Il prenait souvent plaisir à discuter avec moi, de divers problèmes d’ordre familial ou social.Le jour ou il avait décidé de donner la main de notre sœur aînée,il m’expliqua que le prétendant était un beau parti,de famille noble et aisée.Ma sœur n’aspirait pas particulièrement au mariage, car elle avait seize ans et désirait continuer ses études. Ce mariage eut lieu, et dure encore de nos jours, à la grâce divine……

Mon père mourut en Avril 1995 dans la maison familiale à Casablanca, suite à une maladie pulmonaire, ayant causé un arrêt respiratoire et cardiaque.Avant de mourir, mon père m’avait demandé «  pardon », et la lecture en sa mémoire, à chaque vendredi que Dieu fait, onze ou douze fois « sourate al-ikhlasse ».Qu’il repose en paix, son vœu sera exaucé, tant que que je vivrai…. Fasses dieu lui pardonner ses errements, et le maintenir en sa sainte miséricorde…AMEN

 

 

 

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